La légalisation des casinos en ligne en France est un sujet d’actualité en cette année 2023 et plus particulièrement en cette deuxième partie de l’année. Depuis des années que ce sujet brûlant est sous-jacent dans le pays, un débat à l’assemblée nationale a commencé à être lancé aux abords de l’été par le député Philippe Latombe. Désormais, il semble que l’on n’ait été jamais aussi proche d’une réelle réglementation sur le sujet, après la libéralisation du poker en ligne et des paris sportifs en 2010.
C’est à l’occasion de ce débat qu’une tribune - clairement contre la légalisation des casinos en ligne en France - a été publiée sur Le Figaro le 20 Septembre 2023 par quatre addictologues et un socio-épidémiologiste.
Légaliser les casinos en ligne en France ?
Le débat des casinos en ligne en France n’est pas nouveau. Cela fait en effet des années que le sujet est sous-jacent, particulièrement depuis la légalisation du poker en ligne et des paris sportifs en 2010, sous l’égide de feu l’ARJEL, désormais l’ANJ. Il est vrai que la France fait figure d’exception (pas la seule certes) dans le paysage européen avec de nombreux autres pays ayant décidé de sauter le pas (Belgique, Italie, Espagne, Suisse, pour ne citer qu’eux).
Le casino en ligne légal ou illégal en France, c’est un sujet qui divise. Les défenseurs d’une légalisation mettent en avant la protection du joueur, la manne financière pour l’état et la lutte contre les sociétés de jeux illégales quand ses détracteurs arguent que légaliser amènerait plus de risques d’addiction et mettrait les jeunes et les « faibles » en danger, aussi bien financièrement que psychologiquement.
Une tribune résolument contre les casinos en ligne
Et il faut avouer que cette récente tribune du Figaro ne cache pas son point de vue assumé et prononcé, pour ne pas dire caricatural. Des dires de leurs auteurs, les « casinos en ligne (machines à sous digitales) cumulent tous les facteurs de risques de l’addiction aux jeux d’argent » mais, heureusement, ces mêmes auteurs ne profitent pas de cette tribune pour parler du lien évident, pour ne pas dire dégoûtant, entre casino en ligne et crime organisé.
Ah si… Mais heureusement ils ne l’évoquent pas : « Nous n’évoquerons même pas ici la question de liens troubles de l’industrie européenne des casinos en ligne avec le crime organisé ». Ouf, on n’était pas loin de l’amalgame.
La tribune est même claire avec tous ses lecteurs: « le jeu sur machine à sous est une véritable drogue ». Les joueurs à problème sont comme « pétrifiés » quand ils jouent et « s’effondrent » quand ils s’arrêtent de jouer. On pourrait presque croire à un film d’horreur.
Les jeux d’argent, et autres vices, sont déjà autorisés en France
Maintenant, notre article n’a pas pour but de démonter cette tribune, comme cette tribune avait pour but de démonter les casinos en ligne en France. D’autant que certains arguments avancés sont objectivement légitimes. Oui, les casinos présentent des risques. Ces risques peuvent être catastrophiques dans certains cas mais cela n’empêche pas le fait que de nombreux joueurs savent jouer sans risquer leur vie financière et psychologique.
Doit-on empêcher une légalisation sous prétexte qu’une minorité coure des risques ? Car il faudrait alors penser à interdire l’alcool, le tabac, etc.
La tribune ne mentionne pas une seule fois la Français des Jeux, qui ne représente pas les casinos en ligne certes, mais qui expose de nombreux joueurs à l’addiction aux jeux. Des milliers de personnes en France grattent compulsivement, avec l’espoir de gagner un jackpot malgré un taux de retour moyen très faible (bien plus faible que celui des casinos en ligne d’ailleurs).
On pourrait d’ailleurs s’étonner que La Tribune semble critiquer - parmi les risques de l’addiction évoqués - « le fort taux de retour au joueur » qui « créent une dépendance plus rapide ». Est-on réellement en train de critiquer le fait que les machines à sous en ligne distribuent en moyenne une partie importante des mises encaissées…?
Les casinos en ligne sont à prendre au sérieux
Sur InspecteurBonus, nous parlons des casinos en ligne sans laisser penser qu’il s’agit d’une activité anodine. Un jeu d’argent est un jeu d’argent et est par nature à prendre avec précaution. Nombreuses sont les fois où nous avons mis en garde sur certains pratiques et rappeler le fait que jouer au casino en ligne doit se faire prudemment, avec un certain contrôle.
Prenons par exemple les articles sur la nécessité d’avoir conscience de ses propres limites, sur le fait de limiter les risques sur les dépôts d'argent sur une plateforme de jeux, sur les choses à faire pour ne pas reperdre les gains encaissés ou encore les erreurs à éviter sur les bonus de casino en ligne.
Nous sommes les premiers à alerter sur le danger potentiel des casinos en ligne mais sommes aussi conscients qu’il s’agit d’une activité de divertissement que de nombreuses personnes savent apprécier tout en gardant une vie normale et saine.
Une légalisation, sans être idyllique, est probablement le plus souhaitable
La légalisation des casinos en ligne en France est probablement quelque chose d’inévitable et c’est d’ailleurs étonnant - au vu de ce qui se passe chez nos voisins européens - que cela n’ait pas encore été fait.
Que l’on soit pour ou contre, une légalisation est probablement souhaitable pour augmenter l’encadrement de cette activité et limiter ses risques. Et que cette légalisation ait lieu ou non, les joueurs de casinos français existent déjà, comme nous l’avions vu en 2016, où nous avions constaté que quelque 2 millions de joueurs de casino étaient déjà en activité.
Une légalisation - avec toutes les limites qu’elle comprend - est supposé apporter plus de transparence à l’activité, protéger les mineurs et les joueurs compulsifs et contraindre ses opérateurs à non seulement payer des taxes mais aussi avoir un regard accru sur le Jeu Responsable. Arrivera-t-on à ce résultat en légalisant, c’est une autre question.
Mais il faut avouer que cette fameuse tribune du Figaro - qui a le mérite de soulever quelques points légitimes - est à l’extrême limite de la caricature. L’impression que nous avons est qu’elle confond son sujet. Elle ne traite pas réellement d’une critique de la légalisation des casinos en ligne mais plutôt d’une critique profonde des casinos en ligne.
On a le droit d’être contre les casinos en ligne, même résolument contre d’ailleurs, mais les casinos en ligne sont déjà présents en France vie le marché « gris ». Ils profitent à des sociétés offshore qui peuvent jouir de la manne financière française sans avoir de réelles contraintes en termes de taxes ou de Jeu Responsable (à part la contrainte d’une mauvaise publicité). Alors que faut-il faire ? S’insurger ? Ou tenter d’encadrer quelque chose d’existant mas non-encore légal alors que d’autres jeux d’argent sont régulés et acceptés, comme les casinos physiques légaux, des jeux à gratter légaux, des lotos légaux et autres formes de jeux d’agent, légales ? Que fait-on avec les casinos en ligne en France et avec les joueurs de casino en ligne français ?
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